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07


JUIN

Afrique du Sud 1992 - Bye Bye Blanco (1/3)
PAR Francis Deltéral et Gilles Navarro

Le 07 Juin 2017

Barbarians 25 - 20 Afrique du Sud, le 31 Octobre 1992 à Lille


Fin de l’apartheid, première tournée des Springboks en France en 1992 depuis 18 ans, et une ultime occasion pour toute une génération de rencontrer enfin ces immenses joueurs de rugby « venus du diable », comme on les présentait dans les années 60. Toute une génération associée aux Barbarians pour fêter, à Lille, loin des langueurs océanes de Biarritz, le dernier match de Serge Blanco, qui avait disputé son premier match avec l’équipe de France douze ans plus tôt, à Pretoria, face à cette équipe de France, encore en pleine période de l’apartheid. Une journée pleine d’émotions, empreinte de nostalgie pour ce fantastique joueur qui quittait la scène en compagnie de huit autres copains (Ondarts, Condom, Champ, Rodriguez, Didier Camberabero, Lagisquet, Charvet et Sella) avec lesquels il avait disputé la première finale de la Coupe du monde, en 1982 à Auckland, contre la Nouvelle-Zélande.


« Un très fort souvenir », résume Patrice Lagisquet. « Un jubilé collectif », rajoute Didier Camberabero. « Pour notre génération c’était un événement exceptionnel, reprend Patrice Lagisquet. Nous pensions que nous ne jouerions jamais contre les Springboks. Là, enfin, on les jouait. ». Ce jubilé avait des allures de troisième test, la France et l’Afrique du Sud ayant remporté chacune un des deux premiers. Pour les Springboks, pas question de faire l’aumône d’une sortie en beauté pour Blanco, qui avait reçu l’alternative des Sud-Africains de Morné Du Plessis en 1980.


Patrice Lagisquet à la relance avec Eric Champ et Didier Camberabero.


En fait, la sortie de Serge Blanco fut quelque peu rocambolesque. « Un bancal, quatorze Blanco », avait titré dans L'Equipe, le lendemain, dans son compte rendu du match. Au bout de dix minutes, le temps de faire une biscouette et de dégager un ballon, le pauvre Serge, qui avait les adducteurs en feu, n’était plus en état de marche. « J’ai voulu sortir car je savais que j’étais un poids mort pour l’équipe, raconte Serge. Mais ils n’ont pas voulu. "Si tu sors, on sort tous aussi”.


Une piqûre du bon docteur Pêne et il resta jusqu’à la fin, se contentant, tel un gardien de but, de jouer placé et d’encourager ses amis, partis avec le handicap d’un essai de James Small qui dès la 4e minute avait intercepté une passe de Charvet à Lagisquet. « Chacun, alors, a joué à 14,1 pour faire 15, glisse Didier Camberabero, auteur de 20 des 25 points de la victoire de son équipe (25-20). À partir de là, même si c’était très sérieux, on a dévissé le frein à main. »


Tout à leur joie de célébrer cette dernière victoire de Serge Blanco, les Barbarians en oublièrent les civilités d’usage et s’attardèrent longuement à l’apéritif. Quand ils arrivèrent au banquet, les Springboks, vexés, avaient déjà quitté les lieux. Dommage, car ils avaient manqué un des plus beaux discours de Jacques Fouroux qui décida, ce soir-là, avec Jean-Patrick Lescarboura, de refaire la Fédération française de rugby, en distribuant les maroquins à ses amis : la Communication à Jean Condom, la Santé publique à Laurent Rodriguez, anesthésiste bien connu sur tous les terrains du monde, et la Culture à Jean-Pierre Rives. Pour l’Intérieur, il avoua qu’il hésitait tant les candidats étaient nombreux !



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