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NOVEMBRE

Christian Califano : Le coup de pied du siècle !
PAR Les Barbarians

Le 09 Novembre 2016

Christian Califano se souvient de son match avec les Barbarians face à l'Australie en 2004. Son passé avec les Baabaas, leur avenir, le match face de Bordeaux... Ainsi que son fameux coup de pied par dessus, malgré son "Syndrome de Dori la Daurade". Il raconte.


Barbarians - Australie en 2004 à Paris. Quels souvenirs gardez-vous de ce match ?


L’atmosphère, l’ambiance… J’ai surtout été très honoré, car j’ai quand même attendu assez longtemps avant d’être Barbarians. Ce n’est pas un reproche, car j’étais souvent pris avec l’équipe de France, mais j’ai dû attendre la fin de ma carrière pour être sélectionné avec cette belle équipe. J’ai donc été extrêmement fier de porter ce maillot, d’avoir passé de très bons moments avec des mecs fabuleux. Le capitaine Bernard Goutta… La préparation sur les trois jours avant le match face à l’Australie, nous avons joué à sept, mis en place quelques combinaisons, mais le mot d’ordre était celui-ci : plaisir. Vraiment, ce fut une expérience incroyable.


Pourtant, avec un score de 15 - 40, le moins que l’on puisse dire, c’est que le match fût difficile pour vous…


Face à l’Australie, c’est souvent le quota ! (Rires) Les équipes de l’hémisphère sud sont souvent difficiles à faire déjouer. Il nous manquait des automatismes, un peu de fraîcheur physique puisque, si mes souvenirs sont bons, nous encaissons 30 points en fin de match. Mais pendant cinquante minutes on les chahute en mêlée, on s’accroche, on leur pose des problèmes…


Un fait de jeu dont vous vous souvenez ?


Philémon Toleafoa, qui jouait à Montpellier. Il était très jeune et avait déjà un gabarit hors normes. Début du match, les vingt premières minutes… Il me file une de ces cartouches à un Australien ! Cathédrale, tour de piste, il l’a littéralement désossé ! C’était un truc de fou. Je pense qu’à ce moment-là les Australiens se sont dit : « OK, il va falloir les prendre au sérieux ».


Cette magnifique photo de vous tapant au pied. Est-ce que cela vous était déjà arrivé ?


(Rires) Le coup de pied du siècle ! Je ne vais pas dire de bêtises, mais je crois que ce coup de pied - qui n’était pas du tout dévissé, je tiens à le préciser - a servi de prémices. Un an plus tard, je joue avec Agen et on affronte le Stade Français. Je tente un coup de pied par dessus et c’est Jalil Narjissi qui récupère le ballon et qui va marquer entre les poteaux. On gagne le match derrière… Pendant quelques secondes, je me suis vu demi d’ouverture ! (Rires) Plus sérieusement, avec les Baabaas tu peux te permettre de tenter des choses, prendre plus de risques sans tomber dans l’à peu près. Ce coup de pied par dessus, je l’ai tenté au Stade Toulousain, mais après avoir porté sept ans le maillot !


Est-ce cette notion de liberté, valeur chère aux Barbarians ?


C’est aussi ça l’esprit rugby ! Donner l’opportunité à des joueurs qui ont eu de belles carrières ou à des personnes qui ont rendu service au rugby, de les faire jouer face à des têtes d’affiche. Il ne faut pas se le cacher, au-delà de cette notion de liberté qu’il y a chez les Barbarians, ce club a aussi souvent servi de tremplin pour l’équipe de France… En jouant avec un état d’esprit un peu fantasque, à la « Franck Mesnel », sans contrainte et sans à priori. Des joueurs ont été profondément marqués par cette expérience, et se sont totalement lâchés pour avoir la carrière qu’ils méritaient. En plus de cela, tu crées des liens forts et des amitiés indéfectibles. Vraiment, je suis à fond derrière les Baabaas.


En tout cas, vous correspondez parfaitement à l’esprit…


Avant d’être sélectionné avec les Barbarians Français, l’esprit Barbarians, je l’avais connu avec les Britanniques. Pour moi, cet esprit évoque beaucoup de choses : quand on parle de confrérie, de lien et de fraternité. Il y a beaucoup de mots forts que l’on a pour décrire cette équipe parce qu’elle correspond aux valeurs de notre sport. On est aujourd’hui dans un système professionnel, programmé et formaté pour avoir le contrôle sur tout. Il n’y a rien de péjoratif là-dedans, mais avec les Barbarians on retrouve ce vent de fraîcheur, cet esprit décalé qui manque, parfois. Côtoyer des joueurs d’autres clubs, des gens qui ont fait les beaux jours du rugby français…


Le match des Barbarians face à l’Australie du 24 novembre, comment l’envisagez-vous ?


Je suis absolument ravi que mon ami Xavier Garbajosa soit l’un des deux entraîneurs des Baabaas. C’est représentatif du travail remarquable qu’ils font avec Patrice Collazo à La Rochelle. Sur un match, tout est possible ! Depuis la coupe du Monde 2015 les Blacks sont intouchables et ils perdent la semaine dernière face à l’Irlande… Même les plus hautes montagnes, les plus hauts sommets peuvent se gravir si l’on y met la volonté et l’énergie nécessaire. Il est évident qu’il y a une opportunité de les battre. Il faut savoir qu’avec les Barbarians, tu peux parfois atteindre ce sommet en trois jours de préparation… C’est ce qui fait tout le charme de cette équipe.


Vous souvenez-vous d’affrontements particuliers face à l’Australie ?


Celui qui m’a le plus marqué, curieusement, ce n’est pas avec l’équipe de France mais avec une sélection régionale. C’était au début des années 90, je crois. Mon problème, c’est que j’ai le syndrome de Dori la Daurade ! Je ne me souviens que de la moitié des choses… (Rires) On affronte donc les Australiens à Mayol et on fait un match incroyable. Et comme une belle andouille, je mets une béquille gratuite au grand Campese, monument de notre sport. Il m’a regardé, dépité. Et il sort sur blessure derrière… Ce jour-là, je n’étais vraiment pas très fier de moi… Qu’on me pardonne, à l’époque il me manquait cinq minutes de cuisson ! (Rires) Pour le reste, dans ma carrière, j’ai eu la chance de jouer avec beaucoup d’Australiens, en Angleterre ou ailleurs. Je me souviens de Tim Horan, la référence absolue. David Campese, John Eales, une personnalité et un charisme incroyables. Des joueurs qui te font aimer de plus belle ton sport et qui te font comprendre que même en haut de l’affiche, il faut faire preuve d’une certaine humilité…


On dit que de ce match dépend en partie l’avenir des Barbarians…


Que Thomas Lombard ait été nommé pour s’occuper des Baabaas, c’est une des meilleures choses qui pouvait leur arriver. Ce qu’il retranscrit avec nos confrères de Canal +, c’est l’amour du rugby. La passion qu’il a pour ce sport est incroyable et cela correspond parfaitement à l’esprit des Barbarians. Je crois qu’aujourd’hui, la grande famille du rugby - parce qu’elle existe toujours, quoi qu’on en dise - a tendance à se diviser. Elle a besoin de se raccrocher à une équipe dépourvue de politiques, d’a priori et d’enjeux. Une équipe autour de laquelle les gens viennent simplement prendre du plaisir et s’amuser. Sans que ce soit le cirque Zavatta ! Pour moi, cette équipe, c’est les Barbarians. Cela colle à ce que j’ai connu en Angleterre : tous les clubs, tous les joueurs, s’identifient aux Barbarians Britanniques. En France, il faut que l’on accentue notre soutien envers les Barbarians français… Ce serait une aberration que cette équipe disparaisse ! Ils représentent notre identité : laquelle est partie d’une histoire d’hommes pour représenter tellement de choses, on a besoin de vivre ces moments-là.


Allez-vous assister au match ?


Avec Eurosport, je vais au stade, je m’éclate avec la Pro D2. Mais en dehors de mon travail, je n’ai que peu de temps pour assister aux matchs. Ce match, si j’ai l’opportunité d’y aller, bien sûr que je le ferai. Si ce n’est pas le cas, il ne faut en parler à personne sinon je vais avoir des problèmes, mais je vais le regarder, c’est certain… (Rires)


G.V

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