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OCTOBRE

"Tu viens avec tes chaussettes, tu partages tout le reste" Jean-Pierre Romeu
PAR ASM Rugby

Le 02 Octobre 2020

Jean-Pierre Romeu, fut de la bande des XV Chelemards de 77 qui, en 1979, décidèrent de faire naître les Barbarians Français. Le demi d’ouverture, qui fit les beaux jours de l’ASM et du XV de France, revient sur cette épisode avant de nous faire partager l’état d’esprit qui unit les Baa-Baas depuis plus de trente.

Jean-Pierre, peux tu raconter la naissance des Barbarians Français ?
Après le Grand Chelem 1977, nous avions été invités pour faire un match à Sarlat contre une sélection régionale, Jacques Fouroux et Jean-Pierre Rives, à l’initiative de ce projet, nous ont convaincus, dans la soirée, de créer nos propres « Barbarians ». Ils existaient un peu partout en Argentine, en Nouvelle-Zélande, dans les îles britanniques, bien sûr, et nous avons eu envie de lancer les Baa-Baas français. Une délégation est allée, le soir même, rencontrer Albert Ferrasse, président de la Fédération de l’époque et présent à Sarlat ce jour là, pour lui faire part de notre désir de monter les Barbarians Français et lui demander de l’aide pour les démarches à effectuer. Il a demandé à réfléchir mais avec le soutien de Guy Basquet, patron des sélectionneurs, nous sommes vite parvenus à nos fins et les statuts ont été rédigés dans la foulée. Maurice Savy, ancien clermontois, faisait partie du premier comité directeur et ce fut la naissance des Barbarians français qui ont joué en 1980 leur premier match à Agen face à l’Ecosse, avec l’ossature de ceux qui avait décroché ce Grand Chelem en 1977.

Qu’elles étaient vos motivations ?
Les Barbarians ont toujours été une histoire de copains ! Cela a ensuite pris de l’importance, puisque au fil des ans, les Baa-Baas étaient opposés à de belles nations du Rugby et offraient de beaux matchs. Les rencontres se sont succédées mais l’esprit est toujours resté le même : le plaisir du jeu et aussi de partager un bon moment ensemble.


« Une façon de jouer au Rugby sans se prendre au sérieux et en profitant d’un bon moment passé ensemble ! »


Justement comment recrutez-vous, les Baa-Baas ? Quels sont vos critères de sélection ?
Un Barbarian doit, avant tout, être un bon joueur de Rugby et aussi, et parfois surtout, « un bon camarade ». Ceux qui n’ont pas une très bonne mentalité, ne le seront jamais ! Il faut assurer sur les deux mi-temps et aussi sur la troisième. Et même lorsque celle-ci est avant les deux autres (Rires). Maintenant, les Barbarians se sont un peu étoffés, mais, tout au début, nous n’avions rien, même pas d’entraîneur ni de dirigeant, personne pour nous cadrer un petit peu… C’est ça les Barbarians ! Une façon de jouer au Rugby sans se prendre au sérieux et en profitant d’un bon moment passé ensemble ! A présent, les Barbarians sont entrés au calendrier de l’IRB et ont la possibilité de disputer un match international comme ce sera le cas samedi prochain face au Samoa, au Michelin.

Quel est ton plus grand souvenir avec les Barbarians ?
C’est difficile car tous les moments passés avec les Baa-Baas sont de grands et bons moments. Je suis content et fier de voir que nous avons progressé et que nous continuons d’exister trente ans après. Les « pères » fondateurs sont toujours là, sauf Robert Paparemborde et Jacques Fouroux qui nous ont quittés trop tôt, d’autres nous ont rejoints pour continuer de faire vivre cette belle aventure. Je suis heureux de voir que ce que nous voulions au départ existe encore : la convivialité et aussi une espèce de passage de témoin entre plusieurs générations unies par l’amour du rugby et ses valeurs. Jean-Pierre Rives, est un président parfait, il apporte beaucoup à travers son état d’esprit ainsi que son rôle fédérateur et accueillant. Il aime bien dire que « nous sommes les Suisses du Rugby », bien qu’il vienne d’apprendre que les Suisses ont aussi une armée ! (Rires) Nous ne voulons pas nous prendre trop au sérieux et laisser les joueurs s’exprimer le plus librement possible. Lors de chaque réunion Jean-Pierre ne manque jamais une occasion pour prendre la parole afin de rappeler aux joueurs qu’ils « ont un entraîneur mais qu’ils doivent faire ce qu’ils veulent ! ». C’est assez déstabilisant pour les nouveaux entraîneurs mais bien révélateur de l’état d’esprit qui nous unit. J’ai eu la chance de faire de formidables tournées, en Afrique du Sud, en Argentine de revoir les copains et d’entretenir ou faire naître des amitiés exceptionnelles. Les Baa-Baas doivent beaucoup à Serge Kampf qui nous aide et nous accompagne depuis 30 ans.



« Etre Barbarian, c’est une expérience pour toute une vie …Tu viens avec les chaussettes de ton club et tu partages tout le reste ! »


As-tu l’impression que vous êtes parvenus à transmettre cette fierté d’appartenir aux Barbarians Français ?
Ah oui, vraiment ! Celui qui a goûté aux Barbarians, une fois dans sa vie, ne peut plus s’en décrocher. Etre Barbarian, c’est une expérience pour toute une vie ! J’ai revu hier, Eric Nicol et Raphaël Chanal qui n’ont joué qu’un seul match au Pays de Galles, il y a 15 ans, ils m’en reparlent encore. L’ambiance est toujours mémorable, et côté rugby tu n’as aucune contrainte, la seule consigne est de faire du jeu et se faire plaisir ! Tu viens avec les chaussettes de ton club et tu partages tout le reste ! Si un jour tu n’as pas envie de t’entraîner et d’aller jouer au Golf, tu y vas, personne ne te dit rien ! Les Barbarians ont une histoire, ceux qui viennent s’en imprègnent et l’enrichissent. Il y a une certaine magie autour des Baa-Baas !

Une anecdote pour finir …
Oui, elle témoigne bien de l’esprit qui règne avec les Baa-Baas. L’an dernier, au Havre avant la rencontre face au Japon, Jean-Pierre Rives, lors du discours d’avant match, au moment de remettre les maillots dans un instant assez solennel, avait dit aux joueurs « qu’ils étaient une petite entreprise et qu’ils allaient commencer un chantier… que les joueurs étaient des maçons qui devaient bien s’aider pour travailler ensemble, que les travaux devaient bien débuter et qu’ils devraient aussi bien les finir. » Bref, Jean-Pierre était parti dans une comparaison entre un match et une petite entreprise lorsque soudain, alors qu’il avait oublié de couper son portable, celui-ci se met à sonner. Jean-Pierre ne se démonte pas, prend l’appel en pleine remise de maillots, s’isole quelques instants pour parler avec un copain à l’autre bout du fil, avant de revenir face aux joueurs avec un grand sourire en lâchant « Ca y est les gars ! On a notre premier client, on peut commencer le chantier ! » Tout le monde a explosé de rire ! Voilà, cela résume bien l’esprit qui règne et notre volonté de ne pas trop nous prendre au sérieux.


Interview de Jean-Pierre Romeu par ASM RUGBY - https://www.asm-rugby.com/actus/interview-jean-pierre-romeu

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